Le 16 avril dernier, le Communauté de communes du Clunisois organisait un chantier participatif de nettoyage des jardins du sanatorium de Bergesserin. Cet événement a été l’occasion de proposer une exposition de 12 photos et témoignages inédits sur les « vies intérieures » de ce bâtiment hors-normes.
À sa mise en service en février 1946, le sanatorium interdépartemental de la Châtelaine à Bergesserin pouvait accueillir jusqu’à 210 patientes venues se soigner de la tuberculose pulmonaire, une maladie infectieuse qui causa plus de 80 000 morts par an en France à la fin du XIXe et qui emportait encore 50 000 personnes en 1939.
Jusqu’à la découverte des traitements antibiotiques contre le bacille de Koch à l’origine de la maladie, le traitement par la « cure d’air » fut le seul remède contre cette peste blanche qui ravagea l’Europe en raison de sa très forte contagiosité.
La fin du XIXe et le début du XXe siècle ont ainsi vu pousser pas moins de 250 sanatoriums en France, où les malades pratiquaient la cure d’air, isolés du reste de la population.
Pour faire baisser le coût de ces établissements qui pouvaient accueillir des centaines de patients, les conseils généraux se sont tournés vers la création d’ententes interdépartementales pour financer de grands sanatoriums publics. À Bergesserin, les malades venaient ainsi de Saône-et-Loire (pour 100 lits), de l’Yonne (50 lits), de l’Aube et de la Haute-Loire (pour 30 lits chacun).
Loin de leurs familles, les « phtisiques » (exclusivement des femmes à Bergesserin) ont échangé des dizaines (peut-être même des centaines) de cartes postales avec leurs proches.
Entre messages d’espoir de guérison, remerciements pour des visites ou des cadeaux reçus, moments de « cafard » dans cette vie faite à la fois de solitude loin des siens et de collectivité imposée dans des chambres à trois lits, ou bribes de la vie quotidienne, ces cartes postales traduisent un quotidien de femmes issues de tous milieux sociaux, pour qui Bergesserin a été une étape de vie plus subie que choisie.
Quelques unes de ces cartes postales ont été retrouvées et leurs témoignages compilés dans cette exposition.
Ils sont illustrés par des photos issues du fonds Combier, grand éditeur de cartes postales à Mâcon, et dont les archives sont conservées au musée Niépce de Chalon-sur-Saône.
L’exposition « Sanatorium de Bergesserin, Fragments de vies intérieures » a été produite par clunisois.fr avec le soutien financier de la Communauté de communes du Clunisois.
Sauf mention contraire, les photographies sont issues du fonds Combier conservé au musée Nicéphore Niépce de la Ville de Chalon-sur-Saône. Les témoignages ont été rendus anonymes pour respecter la vie privée des malades et de leurs familles.
Pour aller plus loin, il est possible de consulter notamment deux ouvrages de référence :
- Architecture thérapeutique, histoire des sanatoriums en France (1900-1945), de Philippe Grandvoinnet (Métispress, 2014)
- Vaincre la tuberculose (1879-1939), de Stéphane Henry (Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2013)
Merci à toutes les personnes qui ont rendu possible cette exposition.